C'est par un très beau temps que j'embarque, vendredi vers 13 heures, à Quiberon à bord du Vindilis pour une traversée rapide vers Belle île en mer. Les trailers, reconnaissables à la silhouette et à la coupe "court" ont pacifiquement envahi le navire en vue de la première édition du trail.
Pointe de Taillefer et tout au fond, la pointe des poulains
Arrivée à (Le) Palais
Briefing de l'organisateur Claude Leborgne
Trois parcours sont proposés: 83 km, 45 km et 13 km. Le 83 km est annoncé très difficile avec un assez modeste mais trompeur 2000 m D+, ce que souligne Christophe Malardé, parrain de l'épreuve. Le temps limite est de 14 heures, il faut être rentré pour 21 heures.
Départ à 7 heures avec feu de bengale et cornes de brume
Première montée à la frontale
Un celto-thibétain
Premières lueurs à l'Est, alors qu'on avance à la queue leu-leu sur un sentier monotrace
ça commence à monter sérieusement
lever du soleil pendant une traversée de plage
Je sens que la course est partie bien vite, mais c'est difficile de résister à la "pression" sur un sentier monotrace. Locmaria, premier ravitaillement est atteint à 9 H au bout de 2 heures de course.
départ d'un concurrent du Ravitaillement de Locmaria
ça descend, puis ça monte, puis ça descend, puis...
Dans une descente avant Bangor, je me prends le pied dans une racine et je m'étale dans les épineux. Belles écorchures sur le devant du mollet gauche.
Bangor, 2ème ravitaillement atteint à 11H45 (barrière horaire à 13 H). Coup de mou, je m'accorde 15 minutes de repos.
Un bénévole nous annonce le prochain point d'eau, l'Apothicairerie à 12 km (km 50). Comme je ne bois pas beaucoup, je ne repars qu'avec un petit litre d'eau.
Afin de préserver les zones sensibles, et après négociation avec le conservatoire du littoral, tout dépassement est interdit sur une dizaine de zones réparties au long du parcours. Le non respect entraîne la disqualification immédiate.
Les coureurs devant remontent sur le sentier en face
D'autres avancent sur la plage derrière
Quelques photos de la côte sauvage pour donner des regrets à ceux qui ne sont pas venus.
Je me prends à nouveau le pied dans un caillou, et je pars en roulé boulé. Bilan: ça saigne aux deux paumes de main et au coude droit, un nettoyage désinfectant dans l'eau de mer. En plus, j'ai déchiré le haut de mon sac fétiche, 10 litres Raidlight.
Le grand phare
C'est long pour arriver à l'Apothicairerie ! Je réalise soudain que la barrière y est à 17 H, il n'y a donc pas 12 km entre Bangor et l'Apothicairerie comme l'annonçait le bénévole de Bangor mais 22 km !!!
Une charmante vieille dame m'offre de l'eau du robinet, je refais le plein.
Bien que je me traîne de plus en plus, je conserve de la marge puisque j'atteins l'Apothicairerie à 16 H.
Juste après la pointe des poulains
Avec Olivier (VLC), nous avons passé tout l'après midi à papoter en racontant nos "souvenirs de guerre", en évoquant nos projets, en s'extasiant sur les Géants du Tor des géants, ... et en courant un peu quand même.
Port de Sauzon, 3ème ravitaillement, atteint à 18 Heures (barrière horaire à 19 heures)
Nous remontons au dessus de Sauzon, le port le plus peint de Bretagne selon Olivier, qui me fait remarquer qu'on ne voit pas de coureur derrière nous sur les quais. On ne doit pas être loin de la queue de course.
La côte Nord et tout au loin, la pointe de Taillefer, la dernière avant Palais.
A ce moment, je décide de m'asseoir 5 minutes avant les six derniers km annoncés très éprouvants
Le soleil décline à l'approche du fort Vauban.
Je franchis la ligne à 20 H 03, en 13 H 01 mn, contrat rempli. Chouette, sixième ultra de l'année bouclé après l'Ecotrail de Paris, la Vallée de Chevreuse, le raid du Ventoux 56 km, la Moyenn'Hard 56 km, la Courmayeur-Champex-Chamonix bis 88km il y a trois semaines. La saison se termine en apothéose.
Le patron du restau où je m'affale, affirme péremptoire: "Ce que vous faites les mecs, ça ! ça c'est du vrai sport!"
Olivier est arrivé en 13 H et quelques secondes. Il avance, mi-amusé, mi-sérieux : "Cette course ve devenir un mythe, on pourra dire qu'on aura fait la première".
La belle îloise Pierrette, 71 ans arrive dix minutes derrière moi. ça rend humble !!
Deux heures plus tard, alors qu'il fait nuit noire, un groupe de frontales surgit du fort Vauban. Il s'agit des pompiers du 44 et du 56 qui ont transporté des enfants handicapés en joêllette. Beaucoup de spectateurs, de bénévoles, de trailers sont encore là pour les applaudir longuement comme ils le méritent. Un des pompiers pleure à chaudes larmes. La fillette dans la joêllete nous fait tous rire en racontant que, au début, elle a eu "un peu peur de tomber dans la mer".
Wouah ! quelle chance de vivre de telles journées !
Dimanche après midi, toujours par grand beau, il est temps de dire au revoir à Belle île en mer, et un grand merci au comité d'organisation et aux bénévoles pour leur accueil chaleureux et leur course magnifique.